Eurosport : l’expertise et le fun !
Lancé en grande pompe le 5 février 1989, le groupe Eurosport s’est construit autour de la chaîne paneuropéenne éponyme diffusée par câble, satellite, télévision numérique terrestre, télévision sur IP et via des applications sur smartphone. Depuis son rachat par le groupe américain Discovery, Eurosport fait peau neuve et revoit son identité visuelle mais aussi sa ligne éditoriale. La chaîne s’est mise au diapason de ses concurrentes et succombe aux sirènes du minimalisme, avec notamment un logo bicolore et un slogan simple : « Nourris ta passion ».
Il est intéressant de noter que pour déployer sa nouvelle ligne éditoriale, le groupe a tout simplement renommé le nom de la chaîne principale. Aujourd’hui, aucune chaîne ne porte le nom « Eurosport ».Vous retrouverez donc « Eurosport 1 », dont la ligne éditoriale fait la part belle à la retransmission des évènements sportifs internationaux avec un ton expert mais détaché via notamment des duos de commentateurs classiques (descriptif plus analytique), des compilations de type « temps forts », « moments insolites » ou encore « coulisses de l’évènement ». Du côté d’Eurosport 2, l’accent sera mis sur l’actualité sportive française majoritairement hors football. Pour éviter la concurrence frontale avec le mastodonte Bein Sport, Eurosport tentera de capter une audience féminine via l’émission « Demain je m’y mets », magazine hebdomadaire lifestyle diffusé tous les jeudis à 18h30.
L’Equipe : capter puis transmettre l’information ne suffit plus…
A l’été 2013 aux locaux de l’Equipe à Boulogne Billancourt, le top management fait le bilan flatteur de la chaîne gratuite l’Equipe 21, qui bouclait ses huit mois sur la TNT, et du site à succès lequipe.fr. Ces succès commerciaux ont logiquement entraîné dans leur sillage une réflexion sur la politique éditoriale de la pièce maîtresse du groupe : le journal l’Equipe, seul support payant de la marque. « Le journal n’avait pas vraiment bougé depuis plus de dix ans », déclarait Fabrice Jouhaud. directeur de la rédaction. Les changements ne sont pas révolutionnaires, mais le lifting de la forme et du contenu ne passe pas inaperçu. « Avant, il y a encore dix ans, l’Equipe rythmait l’actualité sportive car il n’y avait pas de concurrence. Nous étions les meilleurs danseurs, car nous étions les seuls danseurs », explique Jouhaud. En effet, l’Equipe faisait dans le journalisme de « matières premières », qui distillait l’information brute sans forcément l’analyser ou lui donner du corps.
Capter l’information pour ensuite la transmettre au lecteur était déjà une valeur ajoutée suffisante pour satisfaire la demande à une époque où l’accès à l’information était un défi. « Aujourd’hui, ce côté descendant ne fonctionne plus car tout a changé ; Internet ou les chaînes de télé ont bouleversé la notion de temps et la notion de hiérarchie de l’information. A nous de redéfinir ce qu’est l’information. Il faut que l’on se mette à la place des lecteurs, savoir où ils ont l’info, ce qu’ils ont eu et lu avant de nous acheter et leur donner ce qu’ils n’ont pas encore lu », poursuit le directeur de la rédaction. Concrètement, plutôt que d’annoncer que « le match a fait 0-0 », l’Equipe nouvelle formule tente d’expliquer pourquoi le match s’est terminé par un score vierge. D’un autre côté, le journal a affiché une volonté de divertir en plus d’informer depuis le mondial brésilien de 2014. Cela explique en grande partie son passage assumé au format tabloïd en septembre 2015.
So Foot : la culture de la différence
Les équipes de So Foot ont su capitaliser sur le succès du site web éponyme pour adapter la ligne éditoriale du magazine papier par un processus itératif très intéressant. Résultat : on parle football, culture et société, « en entremêlant les sujets au sein des articles, le tout sur un ton souvent décalé, donnant un résultat original et différent de la plupart des autres magazines du même secteur », peut-on notamment lire sur le site. Concrètement, So Foot s’est depuis longtemps éloigné du simple relais d’informations pour apporter l’information sous une forme qui plaît particulièrement aux milléniaux et aux gamers, avec notamment des références omniprésentes aux jeux cultes FIFA et PES. « Le magazine se place comme un « bon pote » du socionaute et lui propose de vivre le football dans cette communauté comme s’il était avec ses amis proches »…